Thé vert dans les produits minceurs : Pas toujours sécure !

Thé vert : composition et préparations traditionnelles

Selon la Pharmacopée française, le thé vert est constitué de “la feuille jeune, non fermentée, soumise à une dessiccation rapide à chaud” de Camellia sinensis. Cette plante renferme naturellement:

• Jusqu’à 20% de composés phénoliques, avec principalement l’EGCG (gallate d’épigallocatéchol), composant majoritaire pouvant représenter 5 à 12% du poids sec
• Des protéines et acides aminés (15-20%)
• De la caféine (2 à 4%)
• Des saponines triterpéniques très solubles dans l’eau
• Des minéraux, dont des fluorures pouvant atteindre 130 à 160 mg/kg

Traditionnellement, la consommation de thé vert suit un rituel précis: le premier infusat est généralement rejeté, ce qui élimine environ 72% de la caféine et 50% des catéchols, dont l’EGCG. Cette pratique ancestrale limite naturellement l’exposition aux composés potentiellement problématiques.

Les extraits alcooliques: une concentration dangereuse

À la différence des infusions traditionnelles, les extraits alcooliques utilisés dans de nombreux compléments alimentaires présentent plusieurs caractéristiques préoccupantes:

1. Concentration extrême en catéchols: Ces extraits peuvent atteindre des teneurs très élevées en catéchols (jusqu’à 80%), soit bien plus que dans une infusion classique.

2. Doses importantes: Les compléments contiennent généralement entre 70 et 200 mg de catéchols par prise, des quantités qui peuvent largement dépasser la dose journalière admissible (DJA) fixée pour l’EGCG.

3. Extraction de substances lipophiles: Le mélange eau/alcool (80%) extrait efficacement non seulement les composés hydrosolubles mais aussi des substances lipophiles présentes dans la matrice végétale, potentiellement problématiques.

Risques avérés pour la santé

L’EGCG, composé phénolique majoritaire du thé vert, est aujourd’hui fortement suspecté d’être à l’origine d’effets hépatotoxiques. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a souligné que la dose journalière admissible de ce composé peut être facilement dépassée avec certaines préparations de thé vert, particulièrement les extraits alcooliques concentrés.

Des cas de toxicité hépatique ont été signalés au dispositif de nutrivigilance, bien qu’ils restent relativement rares au regard du nombre élevé de consommateurs. Néanmoins, ces signalements sont suffisamment préoccupants pour justifier des mesures de précaution.

L’alternative plus sûre: l’extrait hydrique

Contrairement aux extraits alcooliques, les extraits hydriques (infusions) de thé vert présentent un profil de sécurité bien meilleur:

1. Concentration modérée en composés actifs: Une infusion contient des quantités bien plus faibles d’EGCG et autres catéchols, limitant naturellement le risque de surdosage.

2. Élimination efficace de l’eau: Dans le cadre d’un programme minceur, l’infusion de thé vert peut contribuer à l’élimination de l’eau en excès grâce à son léger effet diurétique, sans les risques associés aux extraits concentrés.

3. Mode de consommation traditionnellement éprouvé: L’infusion, surtout si l’on rejette le premier infusat comme le veut la tradition, représente un mode de consommation sécuritaire éprouvé par des siècles d’usage.

Recommandations pour les consommateurs

Face à ces constats, il convient d’adopter quelques règles de prudence:

• Privilégiez les infusions plutôt que les compléments à base d’extraits alcooliques de thé vert
• Lisez attentivement les étiquettes pour identifier le type d’extrait utilisé (hydrique ou alcoolique)
• Ne cumulez pas la consommation de plusieurs préparations à base de thé vert
• Respectez les doses recommandées, particulièrement pour les compléments alimentaires
• Consultez un professionnel de santé avant de commencer une cure à base de thé vert, surtout si vous présentez des antécédents hépatiques

Position des autorités sanitaires

L’Anses a émis plusieurs recommandations concernant l’étiquetage des préparations à base de thé vert, notamment:

• Une limitation du nombre de prises journalières en fonction du taux d’EGCG
• L’indication qu’il convient de ne pas cumuler la consommation de plusieurs préparations à base de thé vert

L’agence a également souligné l’absence de garanties apportées par certains industriels concernant la biodisponibilité des EGCG et l’absence d’études toxicologiques menées avec la poudre de thé vert selon les standards internationaux.

En conclusion, si le thé vert est consommé depuis des millénaires pour ses nombreuses vertus, les extraits alcooliques concentrés représentent une forme d’utilisation récente et potentiellement dangereuse. Dans l’attente de données scientifiques plus précises, la prudence s’impose: pour profiter des bienfaits du thé vert dans le cadre d’un programme minceur, privilégiez les infusions traditionnelles plutôt que les compléments alimentaires contenant des extraits alcooliques concentrés.

La santé n’a pas de prix, et la perte de poids doit s’inscrire dans une démarche globale et sécuritaire, sans recourir à des solutions potentiellement dangereuses pour notre organisme.